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GUIR Jean
1. Biographie
Jean GUIR est médecin et psychanalyste lacanien [1].
2. L’apport de Jean GUIR
Sans conteste, l’apport du Dr Jean GUIR est d’avoir travaillé sur les phénomènes psycho-somatiques et cancéreux dans le champ psychanalytique.
En 1983, il a consigné ses travaux dans « Psychosomatique et cancer », fruit de 9 ans de travaux. Son travail s’inspire des travaux du psychanalyste Jacques LACAN.
Selon Jean GUIR, « Durant la vie du sujet certains signifiants (...) mettent au jour le fonctionnement d’un gène ou d’une batterie de gènes qui seront responsables des manifestations lésionnelles se produisant au cours de tels phénomènes. Apparaîtront alors dans la vie du sujet un ou plusieurs phénotypes nouveaux.
Dans le champ psychanalytique, Lacan a avancé à ce sujet plusieurs assertions (cf. Séminaires II et XI).
Ils se situent en dehors du registre des structures névrotiques, et sont concernés par le Réel ; ceci nous amène donc à différencier le phénomène psycho-somatique de la conversion hystérique. On sait par ailleurs que deux traits au moins les distinguent : le phénomène psychosomatique comporte une lésion et lorsque cette lésion est réversible, elle ne l’est jamais instantanément, contrairement à la conversion hystérique qui peut être amendée immédiatement par une interprétation. Celle-ci peut rendre aussitôt caduc un phénomène de conversion hystérique et non pas une manifestation lésionnelle psychosomatique.
En second lieu, outre le fait qu’il parle d’auto-érotisme sans relation d’objet, Lacan précise également que l’induction signifiante au niveau du sujet s’est passée d’une façon qui ne met pas en jeu l’aphanisis du sujet. (...) Il y a une sorte ce blocage, de gélification du signifiant dans le corps du sujet, un court-circuit qui sera responsable des manifestations lésionnelles.
(...) De la même façon, on pourrait dire que pour certains signifiants imposés au sujet psycho-somatique, celui-ci va répondre dans le domaine du besoin, ce qui nous ramène à sa situation de bébé dépendant de la mère, n’ayant aucune espèce d’idée de son désir, et pour lequel désir et besoin peuvent se confondre. Il n’y aurait donc plus, en pareil cas, de dialectique du sujet. » [2]
Lésion | Non | Oui |
Réversibilité | Instantanée par une interprétation | Pas instantanée |
Effet de l’interprétation | Guérison | ? |
Tableau comparatif hystérie et phénomènes psychosomatiques |
Comment procède Jean GUIR ?
1. Par des entretiens préliminaires [3]
Dans ces entretiens, Jean GUIR :
propose au patient d’essayer de donner une explication naturelle de sa maladie, qui est sa théorie, propre, même si elle semble délirante ou naïve ;
demande d’évoquer un rêve ou un souvenir qui leur semble être le plus ancien ;
étudie minutieusement le passé familial et somatique du sujet (dates, alimentation, personnes impliquées, noms de lieux, rêves, ...) ;
explore les périodes de rémissions et de reprises de processus ;
explore l’arbre généalogique (cfr les travaux de psychogénéalogie d’Anne ANCELIN-SCHÜTZENBERGER) ;
2. Par l’étude de la clinique des phénomènes psycho-somatiques
Selon Jean GUIR, la dynamique des phénomènes psycho-somatiques montre souvent un déroulement en trois temps [4]
:
dans un premier temps, il y a une séparation brutale d’avec un être cher dans l’enfance ;
dans un second temps, il y a une répétition de cette séparation dans la réalité ou par un jeu de signifiants particuliers qui le lui rappellent ;
dans un troisième temps, la lésion apparaît, souvent moins d’un an après. Jean GUIR met au jour les caractéristiques suivantes [5] :
a) elle est scandée par une date, qui en général, renvoie à la naissance d’un des membres de la famille ;
b) la zone investie revoie, par un mimétisme spécial, à la zone identique qui lui correspond chez la personne dont le sujet a été séparé. Cette zone qui est l’objet du mime peut elle-même pathologique [6] ;
c) c’est à la perte et à la rupture de son nom propre, de son identité, que le sujet se résigne par une lésion corporelle, dont la localisation renvoie au corps d’une autre personne de la famille.
Quels sont les signifiants spéciaux à la faveur desquels se dévoile le phénomène psycho-somatique ?
Jean GUIR en voit au moins de 4 ordres :
1. Les signifiants de date (par exemple, lorsque l’enfant aîné du sujet atteint un âge identique à celui du patient lorsqu’il subit sa première séparation) ;
2. La question du nom propre, et surtout sa structure stable dans toutes les langues au-delà de la phonétisation [7]
3. L’obligation d’être du sexe opposé ;
4. La mise en place de signifiants impliqués dans le déclenchement du processus psycho-somatique.
Le problème de la localisation topographique des affections psycho-somatiques
Selon Jean GUIR, « les localisations renvoient dans un enchaînement mimétique encore non résolu au corps d’un membre de la famille ou à celui du conjoint ; la zone corporelle remaniée par la lésion invoque un autre corps, qui présente au même endroit une marque repérable ; ou bien celle-ci est invisible, mais nous apprenons du patient que cette partie du corps de l’autre aurait pu être mutilée ou enlevée. Ces phénomènes mimétiques particuliers ne sont presque jamais en miroir (ainsi une lésion droite renverra à une lésion droite, idem gauche, gauche). » [8]
De même, « l’organe atteint fonctionne comme un organe volé à un autre, et tente de jouir comme s’il appartenait à cet autre. » [9]
En outre, et selon Jean GUIR, « il semble que l’atteinte corporelle soit contemporaine de la mise à jour dans le Réel de signifiants spéciaux (noms et prénoms + signifiants dataux) déjà imposés au sujet avant sa maladie. » [10]
Les cas cliniques
Dans son livre, il explore des cas cliniques vus en patientèle [11] (ainsi que deux cas littéraires : Fritz ZORN « Mars » [12]), le cas des genoux du poète Arthur RIMBAUD).
3. Sources
La source principale de l’article est son livre « Psychosomatique et cancer ».
4. Bibliographie
Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983) (ISBN 2-904821-01-5)
Jean GUIR, Les phénomènes psychosomatiques,
Jean GUIR, Réflexions sur les phénomènes psychosomatiques, Analytiques, 1978, pp. 89-91
5. Pour aller plus loin [13]
Georges BEGUIN, Revue de presse (où Jean GUIR est cité).
Michèle FREUD, Le langage du corps
Olivier CORON, Les phénomènes psychosomatiques
Clémentine AUREGAN, Les représentations cinématographiques de la relation médecin-malade, Thèse 2008 (Thèse où Jean GUIR est cité).
[1] Désolé de ne pas pouvoir vous donner plus d’informations.
[2] Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983), p. 9
[3] Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983), pp. 10 - 12.
[4] Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983), p. 14.
[5] Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983) p. 61
[6] Par exemple (cité par Jean GUIR) : une petite fille séparée de sa grand-mère morte d’un cancer de l’intestin, déclenche une recto-colite ulcéro-hémorragique (RCUH).
[7] « C’est cette propriété qui a permis à Champollion de découvrir le sens des hiéroglyphes, en repérant d’abord les noms propres du fait de leurs écritures semblables dans les langues voisines qu’il connaissait ». Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983), p 16.
[8] Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983), p. 18.
[9] Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983), p. 18.
[10] Jean GUIR, Psychosomatique et cancer, éd. POINT HORS LIGNE (1983), p. 96.
[11] Citons une rectocolite ulcéro-hémorragique (RCUH), cancer du sein, cinq cas de leucémie chez l’enfant.
[12] Fritz ZORN, Mars, éd. GALLIMARD.
[13] Malheureusement, le site de Jean GUIR a disparu.
titre documents joints
Psychosomatique et cancer, Jean GUIR
Fichier pdf du livre de Jean GUIR, Psychosomatique et cancer
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